Article dans La Liberté, 1 Décembre 2023

Retrouvé mort chez lui il y a 25 ans, le Canadien passé par Gottéron a marqué toute une génération

Hockey sur glace L Il y a 25 ans, dans la nuit du 2 au 3 décembre 1998, Chad Silver perdait la vie, conséquence d’une insuffisance cardiaque intervenue quelques jours après avoir subi un check à la tête durant un match de LNA. Silver était un joueur et une personne assez unique en son genre, adoré par ses coéquipiers et par les fans de plusieurs équipes. Le Canadien, né le 12 mars 1969 à Brandon, au Canada, a joué trois fois sous le maillot de l’équipe nationale, et a porté les couleurs de Sierre, Gottéron, Zoug, Herisau et Zurich. Les ZSC Lions ont retiré son numéro 23 et lui ont même érigé une statue qui se trouve
aujourd’hui devant la Swiss Life Arena. Un quart de siècle après cette fin abrupte, plusieurs de ses anciens coéquipiers lui rendent hommage.

Patrick Fischer (sélectionneur national,
ex-Zoug) «Chad était l’un de mes coé-
quipiers préférés. Il était toujours de
bonne humeur, marrant et loyal. J’ado-
rais évoluer à ses côtés. Chad, Bill
McDougall et moi, nous ne nous har-
monisions pas seulement très bien sur
la glace, mais aussi en dehors.»
Martin Kout (ex-Zurich) «Chad était un
gars formidable, qui se mettait toujours
au service de l’équipe. Deux jours après
le choc subit à la tête, je lui avais de-
mandé sous la douche comment il se
sentait. “Juste un peu mal à la nuque”,
m’avait-il répondu, ajoutant de son air
toujours positif: “Mais voilà, je vis pour
le hockey et ça fait partie du jeu. On va
être champion, j’y crois et je le sens.”
Deux jours plus tard, nous avions un
entraînement en vue du match du soir.
Chad n’est jamais venu…»
Gary Shuchuk (ex-Herisau) «Après une
victoire, Chad était venu vers moi et
avait lâché: “Je te l’avais bien dit
qu’après un KitKat et un bon café nous
gagnerions cette partie.” A partir de là,
le KitKat et le café n’ont plus quitté
notre rituel d’avant-match. Après mon
départ d’Herisau, j’en ai fait ma tradi-
tion jusqu’à la fin de ma carrière en
tant que joueur. Maintenant que je suis
entraîneur, je mange un KitKat et je
bois un café avant chaque partie. Cela
me rappelle Chad.»
Stefan Grogg (ex-Gottéron et Zoug)
«Chad avait quelque chose que peu de
joueurs ont aujourd’hui, à savoir le
franc-parler. Il avait le courage de dire si
quelque chose allait contre ses prin-
cipes. Une fois, en réponse aux attaques
que subissait un de nos coéquipiers, dé-
signé comme le seul fautif d’une série de
défaites, Chad avait fait publier en son
nom un rectificatif dans le journal. Cela
a beaucoup aidé à calmer la situation, et
le joueur en question fut blanchi des at-
taques injustes. Je l’ai toujours admiré
pour ce qu’il avait fait ce jour-là.»
Misko Antisin (ex-Zoug) «Chad avait
un caractère formidable comme j’en ai
peu vu dans ma vie. Je l’adorais, il me
manque tout le temps. Sur la glace, il
jouait avec beaucoup de cœur et allait
toujours là où cela faisait mal, devant
le but. C’était un terrible patineur,
c’était horrible pour les yeux des spec-
tateurs. Je lui disais: “De tous les
joueurs ici en Suisse, ils t’ont choisi toi
pour jouer avec Bykov et Khomutov,
deux gars de classe mondiale!” Mais
Chad délivrait la marchandise, même
si ce n’était pas beau à voir. C’était un
gars incroyable, il n’aurait jamais dû
mourir. C’est important de ne pas l’ou-
blier et de le garder en mémoire.»
Frédy Bobillier (ex-Gottéron) «Si je joue
de la guitare aujourd’hui, c’est grâce à
lui. En plus d’être la coqueluche de tout
le monde et de marquer beaucoup de
buts, Chad jouait de la guitare. Comme
je n’étais ni la coqueluche et ne mar-
quais pas beaucoup, j’ai décidé d’ap-
prendre la guitare.»
Slava Bykov (ex-Gottéron) «C’était un
gars très gentil, il voulait toujours en
apprendre plus. C’était quelqu’un de très
ouvert, et il s’est donné la peine d’ap-
prendre le français. Ainsi nous pouvions
aussi faire sa connaissance en dehors de
la patinoire. Je me souviens surtout de
fêtes d’avant-Noël avec lui. Il était très
abordable et sympathique, j’ai toujours
bien aimé “Chadi-Boy”. Il avait un ex-
cellent QI de hockey et il savait se posi-
tionner pour la mettre au fond. Il avait
la faim de marquer, et c’était un scoreur
naturel. Il avait un nez fin pour les situa-
tions de jeu. C’était aussi un guerrier, et
il était toujours là quand les adversaires
venaient nous chatouiller, Andrej (Kho-
mutov, ndlr) et moi.»
Doug Honegger (ex-Sierre et Gottéron)
«Ce que j’aimais chez Chad, c’était com-
ment il traitait les gens autour de lui.
Toute personne qui rencontrait Chad
était éblouie par sa gentillesse et le
temps qu’il accordait aux gens. Il n’avait
jamais de mauvaise attitude. Il était un
de mes meilleures potes. J’ai toujours
pensé qu’autant il aimait jouer au hoc-
key, autant c’était le temps passé avec
ses coéquipiers qui le rendait heureux.»
Kari Martikainen (ex-Zurich) «Parce
qu’il n’était pas un bon patineur, il me
revenait le double de travail. Chad était
très porté vers l’attaque et ne travaillait
pas toujours bien derrière. Mais il avait
d’autres qualités: sa taille lui permettait
de prendre énormément de place dans
le slot. De plus, il avait de bonnes mains.
C’est fou qu’il nous ait quittés il y a si
longtemps déjà.»
Bob Mongrain (ex-Sierre) «Tout
le monde aimait être autour de lui, pas
seulement les femmes. Il venait sou-
vent rendre visite à mes enfants. Au
départ, j’avoue m’être demandé ce que
faisait ce type dans mon équipe. Il pati-
nait comme un canard, les deux ge-
noux vers l’intérieur, et avait l’air d’un
teenager qui avait grandi trop rapide-
ment. Mais il possédait une très bonne
coordination œil-main et touchait
chaque puck dans un rayon de trois
mètres. J’ai souvent souhaité que ses
jambes fonctionnent aussi bien que ses
mains. Son charisme m’a marqué, de
même que son amour de la Suisse et de
ses habitants.»
Colin Muller (ex-Zoug) «Chad était un
très bon ami. Il passait au moins une
fois par semaine à la maison et on
jouait à Jeopardy! (un jeu télévisé amé-
ricain, ndlr). Une semaine avant sa
mort, il m’a aidé à déménager dans ma
nouvelle maison. Sa joie était conta-
gieuse, il était toujours de bonne hu-
meur. Son rire me manque tous les
jours.»
Bill McDougall (ex-Zoug) «Chaque jour
avec Chad était rempli d’histoires
drôles. Malheureusement, elles ne sont
pas permises aux mineurs, donc pas
pour la presse (rire).»
John Miner (ex-Zoug) «Je me souviens
qu’il était ce gars typiquement positif et
joyeux qui saluait tout le monde, avec
cette aura pleine d’énergie qui faisait
tout graviter autour de lui. Il était féro-
cement adoré par tous ses coéquipiers.
C’étaient toujours des moments spé-
ciaux avec Chad, loin des patinoires. Il
savait aussi comment tenir le groupe
ensemble.»